Reviews Festival Musica Nigella
« Sur le plateau, au milieu des vieilles pierres de la Chartreuse de Neuville, Éléonore Pancrazi et Louise Pingeot apparaissent ensemble pour La Tempête. La première saisit d’emblée, distillant le charme mystérieux du Chant d’Ariel en posant chaque note d’une voix d’abord caressante et étoffée à l’aigu cristallin faisant écho aux sonorités mirifiques du célesta et de la harpe, avant de se faire grave et placide, évoquant « le glas » d’une voix dont les médiums se font bien vibrés et grondants ou lisses et placides. La confiance dans l’attaque montre un son assuré et large, d’une grande présence, et que dévoile la célèbre Chanson perpétuelle, dont la lenteur du tempo permet à la mezzo-soprano de gorger sa voix d’une intensité constamment renouvelée par des nuances et des changements de registres dont elle tire parti à des fins expressives. Avec Louise Pingeot, la mezzo-soprano révèle un Duo de Junon et Cérès finement ciselé. Outre une impulsion commune, les deux interprètes montrent des timbres complémentaires dont profite cette histoire mythologique. »
« Les voix d’Eléonore Pancrazi et Louise Pingeot, idéalement appariées comme le prouve le Duo de Junon et Cérès, font merveille, dans le Chant d’Ariel pour la mezzo, dans la Chanson d’Ariel pour la soprano. (...)
D’une aérienne pureté – et d’une diction parfaite comme sa consœur – dans la Chanson d’Ariel, Louise Pingeot retrouve ce personnage shakespearien avec Ariel’s Hail pour soprano, flûte et harpe de Kaija Saariaho. Cet intermède contemporain (la pièce date de 2000) ménage une poétique transition vers la fameuse Chanson perpétuelle, par Eléonore Pancrazi. La mezzo est depuis longtemps fidèle à Musica Nigella et entretient une complicité parfaite avec les instrumentistes qui l’entourent. « Mon bien aimé s’en est allé/Emportant mon cœur désolé » ... : en plus de chanter, admirablement, les vers de Cros, elle vit la douleur qui les parcourt avec intensité et une humanité rares. Déchirant. »